Benjamin est végétalien et voyage à travers le monde depuis trois ans, sans aucun revenus. Il vit en troquant son travail contre de la nourriture ou un toit pour la nuit.
En 2010, il part pour le Mexique en stop, avec l’ambition de limiter son empreinte écologique. Le site rue89 s’est penché sur son cas. Morceaux choisis…
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Cela fait maintenant trois ans que je vis sans utiliser d’argent directement. Je n’ai pas d’assurance, je n’utilise pas de compte en banque et tout ce que je possède m’a été donné.
Depuis le 19 janvier 2010, le jeune homme de 28 ans voyage sans un rond sur les routes d’Europe, d’Amérique, en passant par l’Afrique. (…)
Le fait de ne pas avoir un sou en poche ne représentait ni un boycott, ni une protestation contre le système monétaire. En vivant sans argent, je ne fais que transférer cette confiance que nous avons normalement dans un billet à la générosité des gens que je rencontre et au gaspillage de notre société. (…) Ceci n’est pas une invitation à partir sur les routes sans argent, ni à devenir moine bouddhiste. A chacun sa route. C’est plutôt une invitation à réfléchir sur la place de l’argent dans nos vies.
Travaux effectués par Benjamin, contre un toit ou de la nourriture :
- travaux de compostage ;
- nettoyage ;
- cuisine ;
- création de sites internet ;
- travaux de traduction (il parle espagnol, anglais et français) ;
- travaux manuels ;
- organisations de repas communautaires et d’évènements écologiques. (…)
Seule exception : il est resté trois mois chez son père au Mexique, en étant interprète sur ses chantiers. C’est lui qui a, après coup et en urgence, réglé des frais de dentiste. (…)
Benjamin a encore un compte en banque français :
J’ai demandé à ma mère, à distance, de le fermer : elle a refusé. Elle veut pouvoir m’aider en cas de besoin en me versant un peu d’argent. Ah, les mères…
Mais au Brésil, on lui a volé toutes ses affaires – y compris sa carte bancaire : « C’était très bien. » Depuis, sans carte bancaire, Benjamin ne peut pas retirer la centaine d’euros restants sur son compte.
Se nourrir
Ma routine quotidienne, lorsque je ne vis pas chez quelqu’un qui me nourrit en échange de mes services, est d’aller au marché tous les deux ou trois jours à la fermeture et demander les fruits et légumes qui vont à la poubelle.
Etant végétalien, cela constitue la majeure partie de mon repas. Je cuisine au feu de bois ou en utilisant le gaz de ceux qui m’hébergent.
Les boulangeries sont un autre endroit où je peux toujours trouver du pain plus ou moins frais. J’ai souvent accepté des donations de riz, haricots rouges, lentilles, pâtes ou farine en échange de mes services.
Dans les pays plus industrialisés (donc avec plus de supermarchés et plus de pertes), j’ai souvent récolté les produits alimentaires de base dans les conteneurs d’ordures à la sortie des établissements. Pas mal d’institutions comme les écoles ont souvent de la nourriture qui est sur le point d’être périmée et qui peut être recyclée. Il faut dans ces cas trouver la forme pour parler aux responsables.
Se loger
La forme gratuite pour se loger est le squat, chose plutôt aisée car il y a des maisons abandonnées partout dans le monde.
Le reste du temps, je suis soit sur la route sous ma tente, soit chez les pompiers ou chez quelqu’un qui m’a invité à rester pour quelques jours en échange d’un service, ou pour le simple bonheur de m’avoir pour compagnie !
Se déplacer
Pas un seul avion en trois ans. Très peu de bus, aussi (« sauf si le chauffeur veut bien nous emmener quelque part gratuitement »). Auto-stop… et bateau-stop !
Communiquer
Six mois avant de partir en voyage, Benjamin a condamné son forfait. Il n’a plus de portable.
J’utilise Internet soit chez quelqu’un, quand on me laisse me connecter, soit dans les endroits où c’est gratuit (parcs publics, bibliothèques, cafés…)
S’habiller
Pour l’habillement, je collecte les vêtements que les gens n’utilisent plus. J’ai ainsi une garde-robe complète, mais la plupart des mes pantalons sont petits – les Mexicains ne sont pas grands et je mesure 1m88, chose anormale dans ce pays. »
Se soigner
Benjamin n’a pas de mutuelle. Il dit soigner ses petits maux par la médecine traditionnelle, qu’il a découvert au Mexique et en Amérique latine :
Je ne vais normalement pas chez le docteur, préférant le jeûne et le repos pour soigner d’éventuelles infections.
Seul souci : ses dents. La dentiste avec qui il s’arrangeait (quelques travaux de jardin en échange d’une visite) a fermé son cabinet. Alors pour soigner ses dix-sept caries, il a demandé environ 290 euros à son père, chez qui il a travaillé trois mois au Mexique. « La situation devenait catastrophique. » Sa copine a tenu à compléter le reste (175 euros).
LE SAC DE BENJAMIN, EN 2010